Le New York Times déballe…

Le New York Times a mené une enquête sur les dessous de la guerre en Ukraine, et il apporte diverses preuves que ce sont les Américains qui sont à la manœuvre depuis le début. Le changement de politique de la Maison Blanche n’est évidemment pas étranger à ces révélations…

Au printemps 2022, deux mois après le début du conflit en Ukraine, dit le journal, deux généraux ukrainiens se sont rendus secrètement de Kiev à Wiesbaden, en Allemagne, sous couverture diplomatique. Ils avaient pour mission de discuter avec le commandement américain en Europe du rôle des États-Unis dans les opérations militaires ukrainiennes contre la Russie. Cette rencontre était destinée à rester « l’un des secrets les mieux gardés », sur fond de crainte géopolitique majeure : la possibilité que Vladimir Poutine perçoive cette collaboration comme le franchissement d’une « ligne rouge » militaire.

À Wiesbaden, le général ukrainien Mikhaïl Zabrodsky a rencontré le général américain Christopher Donahue, ancien commandant des forces spéciales Delta. Un accord de coopération a été conclu, prévoyant notamment l’échange d’informations de renseignement, la conception stratégique et la planification d’opérations militaires ukrainiennes. Dans ce cadre a été créé le groupe opérationnel Dragon, chargé de fournir des données précises à l’armée ukrainienne, incluant des cibles situées en Crimée et sur le territoire russe hors de la zone directe des combats. Cependant, dès le départ, les États-Unis avaient refusé de soutenir les frappes ukrainiennes en territoire russe, s’abstenant également de fournir des informations permettant de cibler de hauts responsables russes. Néanmoins, l’administration Biden a progressivement levé plusieurs interdictions initiales, envoyant d’abord des conseillers militaires à Kiev, puis augmentant leur nombre à une trentaine, officiellement qualifiés d’« experts spécialisés ». Le groupe de Wiesbaden coordonnait également les frappes de missiles HIMARS, contrôlant même directement leur activation grâce à une carte électronique spéciale pouvant être désactivée par les Américains à tout moment. Lorsque des missiles à longue portée ATACMS ont été fournis à l’Ukraine, leur emploi restait limité à des zones frontalières spécifiques, bien que Kiev ait insisté pour les utiliser en profondeur sur le territoire russe. Toutefois, l’incursion ukrainienne malencontreuse dans la région russe de Koursk le 6 août 2024, effectuée sans accord américain, d’après le New York Times, a constitué une rupture secrète des limites convenues.

Ce n’était pourtant pas la première manifestation de leurs divergences. À mesure que le conflit en Ukraine avançait, le partenariat entre Washington et Kiev s’est fragilisé. Les Ukrainiens considéraient souvent les Américains comme trop autoritaires et soucieux de tout contrôler, tandis que les responsables américains s’étonnaient du refus de leurs homologues ukrainiens de suivre leurs « bons conseils ». Cette méfiance croissante a conduit Kiev à cacher de plus en plus ses intentions stratégiques à Washington, frustré par le refus américain de fournir certaines armes et équipements jugés cruciaux.

À la mi-2023, alors que l’Ukraine se préparait à une contre-offensive, la stratégie élaborée à Wiesbaden montrait ses limites. Même entre eux, les membres du régime de Kiev ne pouvaient pas trouver un langage commun. Volodymyr Zelensky et le commandant en chef Valéry Zaloujny n’arrivaient pas à s’entendre, ce qui affaiblissait davantage la coordination militaire. L’armée ukrainienne a dépensé beaucoup de forces pour reprendre Bakhmout, mais après plusieurs mois de combats, l’offensive avait échoué.

Par ailleurs, toujours selon le New York Times, les États-Unis ont finalement donné leur feu vert à une opération baptisée « Lunar Hail », visant à forcer le retrait des infrastructures militaires russes de Crimée. Cette opération combinait drones maritimes et missiles à longue portée britanniques et français (Storm Shadow et SCALP). L’objectif le plus symbolique était le pont de Crimée, lien stratégique entre la Crimée et la Russie continentale, véritable obsession de Kiev et ligne rouge pour Washington en 2022. Cependant, après de nombreuses discussions, la Maison Blanche a finalement autorisé les militaires américains et la CIA à préparer secrètement un plan d’attaque avec les Ukrainiens et les Britanniques pour détruire ce pont. Les missiles ATACMS devaient fragiliser sa structure, tandis que des drones maritimes viseraient ses piliers. Mais, face à un renforcement russe des défenses, les Ukrainiens ont décidé d’attaquer uniquement avec des ATACMS. Malgré les réticences américaines, la frappe a été menée durant l’été 2024.

Ces révélations du New York Times mettent en évidence une implication directe et profonde des États-Unis dans la conduite militaire ukrainienne, confirmant les déclarations répétées de Moscou accusant l’Occident de participation directe au conflit en Ukraine. Vladimir Poutine a, à plusieurs reprises, affirmé que Kiev n’était pas en mesure de mener des opérations sur le territoire russe sans l’appui direct des pays occidentaux. Le New York Times lui donne raison…

Un jury indépendant

Un jury de journalistes, indépendant, en Europe ? Ça existe encore ? Eh oui. Le prestigieux concours mondial de la photo de presse (World Press Photo), créé à Amsterdam en 1955 et toujours basé à Amsterdam, Pays-Bas, a attribué l’un de ses prix 2025 à un photographe de presse… russe, Mikhaïl Terechtchenko. Et non seulement russe, mais travaillant pour l’agence TASS. Et non seulement travaillant pour l’agence TASS, mais ouvertement favorable à la guerre en Ukraine et ayant salué la « libération » de Marioupol par l’armée russe…

Naturellement, ce prix a fait scandale. D’abord en Géorgie, parce que Mikhaïl Terechtchenko est récompensé pour ses photos des récentes émeutes géorgiennes : c’est donc un double scandale, puisqu’il s’agissait de protestations contre une élection soi-disant « sous influence russe ». L’opposition géorgienne hurle, suivie bien entendu par les Ukrainiens, et par les Occidentaux au courant de l’affaire.

World Press Photo a répondu : « Nous n’excluons aucun photographe, quel que soit son pays. (…) Nous faisons confiance au jury indépendant et à nos processus de jugement rigoureux pour garantir que la qualité visuelle et journalistique de toutes les photos gagnantes soit de classe mondiale. »

Pourquoi World Press Photo n’a-t-il pas informé le jury que le photographe travaille pour TASS ? « Le jury indépendant juge les œuvres de manière anonyme, sans connaître le nom des photographes ou des médias pour lesquels ils travaillent. Le principe est que le jury juge l’œuvre, et non la personne ou l’agence pour laquelle elle travaille. Nous appliquons nos règles de manière uniforme à toutes les candidatures, sans exception. »

Or de fait les 10 photos primées de Mikhaïl Terechtchenko sont remarquables. Et elles sont remarquables aussi en ce qu’elles montrent l’extrême violence des… manifestants. C’est pour avoir brisé ce tabou des gentils défenseurs de la démocratie confrontés aux sauvages policiers qu’on lui en veut d’abord, sans oser le dire.

« A la trappe ! »

Même si le Rassemblement national a abandonné presque tout ce qui faisait la spécificité du parti de Jean-Marie Le Pen, il semble qu’il fasse toujours aussi peur, pour qu’un tribunal se mêle de politique au point de déclarer inéligible la candidate en tête des sondages pour la prochaine présidentielle, en utilisant une procédure d’exception et d’exclusion qui fait fi de ce qui peut se passer en appel…

Et cela parce que le parti utilisait une partie du pactole européen qui lui était alloué pour payer des permanents étiquetés « assistants parlementaires ». Tous les partis ont fait cela, même si le Modem seul a été inquiété avant le RN. Tous plus ou moins, le RN plus que d’autres pour la raison qu’on lui refusait tout financement de campagne, par pression politique sur les banques.

Cette pratique était tacitement tolérée, jusqu’au moment où l’on a décidé de frapper le parti des Le Pen. Quand Ubu a dit : Le Pen à la trappe ! L’Ubu européen, le temple de la corruption au plus haut niveau, avec un déluge de fric qui inonde diverses mafias bien en cour (y compris hors UE, comme en Ukraine), mais qui sévit contre les intrus politiques. Comme en Moldavie, comme en Roumanie, comme on aurait aimé le faire en Géorgie, et en Allemagne l’AfD a échappé de peu à l’interdiction, et la prochaine victime est déjà désignée : Conor McGregor, en Irlande.

Ainsi va donc désormais la « démocratie » européenne. Un système qui a vécu, et qui s’effondre dans l’ignominie avec la complicité d’une justice partisane.

Lundi de la quatrième semaine de carême

L’hymne des vêpres pendant le carême, traduction Lemaître de Sacy, en alternance d’alexandrins et d’octosyllabes.

Audi, benígne Cónditor,
Nostras preces cum flétibus,
In hoc sacro jejúnio
Fusas quadragenário.

Dieu dont nul de nos maux n’a les grâces bornées
Refuge unique en nos douleurs,
Dans ce jeûne sacré de quarante journées,
Entends nos voix, reçois nos pleurs.

Scrutátor alme córdium,
Infírma tu scis vírium :
Ad te revérsis éxhibe
Remissiónis grátiam.

Tu vois notre cœur faible, impuissant à bien faire
Puisqu’à ton œil rien n’est caché.
Fais grâce à des pécheurs dont le regret sincère
Te cherche en quittant le péché.

Multum quidem peccávimus,
Sed parce confiténtibus :
Ad laudem tui nóminis
Confer medélam lánguidis.

Grand Dieu, nous l’avouons, nous sommes très coupables,
Mais nous t’offrons nos humbles vœux,
Montre en daignant guérir nos langueurs incurables
Que tu ne perds que l’orgueilleux.

Sic corpus extra cónteri
Dona per abstinéntiam,
Jejúnet ut mens sóbria
A labe prorsus críminum.

Fais qu’en ce jeûne saint l’abstinence pénible
Afflige tellement la chair
Que par un plus grand jeûne aux sens imperceptible
L’âme s’abstienne de pécher.

Praesta, beáta Trínitas,
Concéde, simplex Unitas,
Ut fructuósa sint tuis
Jejuniórum múnera.

Trinité souveraine, unique roi du monde,
Fais goûter aux vrais pénitents
Les admirables fruits que ta grâce féconde
Tire du jeûne en ce saint temps.