Sainte Jeanne de Chantal

Extrait de ses Exhortations sur la Règle de saint Augustin

SUR LE SIXIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE.

Quand vous priez Dieu par psalmes et cantiques, que ce que vous prononcez de voix soit pareillement en votre cœur, etc.

Je ne pense pas que quand saint Augustin dit, en cette règle, que ce que vous prononcez de voix soit pareillement en votre cœur, il n’entend pas que nous entendions le latin, car plusieurs ne le pourraient pas ; il suffit que, quand nous allons au chœur, nous y allions avec ce désir de louer Dieu, le bénir et lui rendre grâces ; car tous les psalmes, hymnes et cantiques que nous disons, sont tous dressés, ou pour louer Dieu de ses grandeurs, ou pour le bénir de sa douceur, ou pour lui rendre grâces de ses bienfaits. Que les Sœurs qui entendent l’Office n’enfouissent pas ce talent, car il faudra qu’elles en rendent compte, au jour du jugement, à Celui qui ne nous donne rien pour néant ; que celles qui ne l’entendent pas s’occupent fidèlement comme le Coutumier marque. Il n’y a rien sur cet article, sinon que c’est la plus digne fonction de la religion que la célébration des Offices divins, et c’était l’un des désirs de notre Bienheureux Père que nous fissions les Offices sacrés avec grand respect, dévotion et attention.

Et, de vrai, il faut que je dise que l’autre jour j’eus de la douleur, en entendant les Sœurs de notre chœur dire empressément le Gloria tibi, Domine, à Matines ; on eût quasi jugé que c’était quelque couplet de chanson. Eh mon Dieu ! mes Sœurs ! étiez-vous bien en la présence de Dieu, et pesiez-vous bien ce que vous disiez ? Le verset n’est pas malaisé à entendre : Gloria tibi, Domine, Gloire soit à vous, Seigneur, qui êtes né de la Vierge, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, en l’éternité des siècles ; cela devrait être dit avec un amour et une attention nonpareils. Nous sommes là, à parler à cette éternelle bonté, à cette infinie douceur et clémence, à ce Dieu tout-puissant qui nous a choisies pour chanter ses louanges, et nous ne nous tenons pas en attention de le bien faire ; certes, nous méritons pénitence. Au reste, je me plains grandement de nos Sœurs les surveillantes, qui n’avertissent pas de tout plein de petites fautes qui se commettent au chœur, tant aux cérémonies qu’aux autres choses. Mes chères Sœurs, quand il s’agit du culte divin, il faut être rigoureusement consciencieuses, pour bien faire tout ce qui en dépend ; j’espère que nous nous redresserons, autrement je vous assure que je donnerai des pénitences.


En savoir plus sur Le blog d'Yves Daoudal

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire