Les voleurs de Kiev

Au printemps prochain, le Victoria and Albert Museum de Londres présentera diverses pièces issues de pillages nazis et soviétiques. Parmi elles, deux paires de « portes royales » (les portes centrales de l’iconostase) volées dans les années 1920 dans la laure des Grottes de Kiev.

Ces portes ont été faites vers 1784 sur commande de Catherine II (c’est l’Ukraine indépendante qui n’a rien à voir avec la Russie…). Après la fermeture de la laure par les bolchéviques, elles avaient disparu. Elles ont réapparu en 1936, lorsque William Randolph Hearst les a achetées aux marchands d’art Jacob et Selig Goldschmidt.

L’exposition sera l’occasion d’une table ronde : les chercheurs discuteront du sort du patrimoine ecclésiastique ukrainien dans le contexte des pertes causées par les régimes totalitaires du XXe siècle. Car l’objectif de l’exposition n’est pas seulement de montrer des objets rares, mais aussi de rappeler la nécessité de restituer les biens culturels emportés hors d’Ukraine pendant les années de révolutions et de guerres.

Mais à qui restituer ces portes ? Aux héritiers de ceux qui les ont volées ? Car la « Réserve Laure des Grottes de Kiev » a fêté le 30 septembre dernier ses 99 ans. Elle avait été créée (comme toutes les autres « Réserves » de monastères et de cathédrales) par les bolcheviques après l’expropriation et la fermeture de la laure et l’expulsion des moines.

« Certains sont fiers de cette journée. D’autres la considèrent comme une occupation du sanctuaire spirituel par les bolcheviques. Chacun a sa propre vérité », a dit la directrice de la Réserve, Svetlana Kotlyarevska, ajoutant que l’important n’est pas ce qui a été fait en 1926, mais ce qu’elle-même et ses collègues font aujourd’hui. A savoir expulser de nouveau les moines, profaner les reliques et interdire l’Eglise.


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