Coup de théâtre à Bruxelles

Alors que le sommet européen des deux prochains jours à Bruxelles devait d’abord être consacré à convaincre les récalcitrants, menés par le Premier ministre belge Bart De Wever, qu’il faut absolument s’emparer des fonds russes gelés pour aider l’Ukraine, Viktor Orban a twitté :

Une victoire pour les Patriotes.eu : les Bruxellois ont reculé, les avoirs russes ne seront pas à l’ordre du jour du Conseil européen de demain. La Commission fait désormais pression pour obtenir des prêts conjoints, mais nous ne laisserons pas nos familles payer la facture de la guerre en Ukraine.

Cela semble confirmé par une confidence de Peter Moors, l’ambassadeur de Belgique à l’UE, entre deux portes : « Nous faisons marche arrière. »

Et aussi par le fait que Bart De Wever, voyant de son balcon un attroupement de journalistes, leur a demandé qui ils attendaient. Ils ont répondu : Orban. Il a repris : « Ah, envoyez-le-moi, j’ai quelque chose à lui dire ! »

Ce revirement de la Commission est sans doute dû en partie au fait que l’agence Fitch a fait savoir qu’elle devrait revoir à la baisse la note de crédit d’Euroclear si l’UE s’emparait des fonds russes. Et peut-être aussi au fait que les Russes soulignent qu’il y a deux fois plus de fonds européens en Russie que de fonds russes en Europe…

Le Missel de Stowe

Voici présenté pour la première fois le « Missel de Stowe », texte latin et traduction française par Stéphane Torquéau. C’est un témoin important de l’histoire de la liturgie, puisqu’il s’agit de l’unique missel de l’antique chrétienté celtique qui nous soit parvenu, en dehors du « Missel de Bobbio » qui est aujourd’hui davantage considéré comme un texte composite que comme un missel irlandais.

Son nom vient de ce qu’au début du XIXe siècle, alors qu’on ne connaissait pas son existence, on l’a découvert dans la collection de livres anciens du marquis de Buckingham en son château de Stowe House, en Angleterre. En 1883 la collection se retrouvera à la British Library, et les livres irlandais, dont le missel, seront remis à l’Académie royale d’Irlande où il se trouve toujours.

L’hommage qu’il contient permet de le dater assez précisément (entre 792 et 812) et de le localiser : il a été écrit au monastère de Tallaght, près de Dublin.

Il y a là non seulement l’ordinaire de la messe, mais aussi le rituel du baptême, un « rituel des malades », et une brève explication de la messe, très précieuse parce qu’elle montre notamment qu’avant la messe publique il y a un office de préparations des dons (comme dans la liturgie byzantine) et une fraction de l’hostie en parcelles, de 5 à 65 selon les temps et les fêtes, chaque nombre ayant une signification symbolique. Contrairement à la liturgie byzantine où l’on prélève les parcelles au moment de la préparation des dons, la disposition des parcelles (en forme de croix) ont lieu après la consécration, au moment de la fraction.

L’ordo missae est élaboré selon trois sources : le missel romain, avec notamment le canon (curieusement appelé « du pape Gélase »), des influences byzantines (la prière litanique qui en vient directement mais qui est dite « de saint Martin »), et tout un ensemble de prières qui sont spécifiquement irlandaises, avec notamment deux très longues litanies des saints, et de belles prières pour la communion. Il y a aussi le « commencement de la messe pour les pénitents vivants » et les oraisons pour la messe des morts. L’analyse de la messe par Stéphane Torquéau permet d’en suivre pas à pas le déroulement et de voir les variantes des textes empruntés au missel romain.

Le rituel du baptême est également influencé par la liturgie byzantine : on voit que les trois sacrements de l’illumination sont donnés en même temps (y compris aux petits enfants) : baptême, confirmation, eucharistie, la confirmation étant une onction du chrême accompagnée de trois oraisons.

Quiconque s’intéresse à la liturgie fera de passionnantes découvertes qui sont autant d’aliments à la méditation et à la prière.

Publié par les éditions Ar Gedour, le livre doit être commandé sur le site lulu.com.

L’original du « Missel de Stowe » est intégralement visible sur le site Irish Script on Screen. Voici la première page, qui est le prologue de saint Jean, et le début de la messe (Peccavimus, Domine …). Stéphane Torquéau donne opportunément les numéros de folio de l’original dans le texte latin.

A Iekaterinbourg

La divine liturgie ce matin en l’église de l’icône de la Mère de Dieu Souveraine, avec son iconostase qui ressemble à une boîte de bonbons… J’ai déjà évoqué ces jolis chants à deux voix. Je ne m’en lasse pas. Le Trisagion à 13’45. L’Hymne des chérubins à 41’08. Le Credo à 48’.  Le Sanctus à 52’34. L’hymne à la Vierge à 54’58 (avec zoom sur l’icône).

Tentatives d’ingérence…

« C’est une information BFMTV », souligne le désinformateur. A vrai dire je n’y croyais pas quand j’ai vu ça sur X. Mais j’ai vérifié. C’est réellement passé sur BFMTV.

Poutine est furieux qu’on lui conteste son monopole universel de l’ingérence. Il est tellement vexé qu’il a saisi l’OMC pour concurrence déloyale de l’Iran et des « Anglo-saxons ultra-conservateurs ».

(OMC : Organisation mondiale du complotisme.)

A Chypre le blasphème ne passe pas

La galerie Iris bleu de Paphos à Chypre a fermé l’exposition de peintures d’un certain Giorgos Gavriel après les réactions indignées face à ses peintures blasphématoires utilisant des thèmes des icônes sacrées.

La présidente du Parlement Annita Demetriou (Rassemblement démocrate, PPE), avait déclaré :

« J’exprime mon dégoût face à ces “œuvres d’art” qui offensent brutalement les symboles de la foi de notre peuple. La liberté d’expression ne peut servir d’excuse à la vulgarité. »

Le vice-président du parti, Efthymios Diplaros, avait dit :

« La galerie Iris bleu expose des œuvres qui profanent délibérément le Christ, la Vierge Marie et les symboles les plus sacrés de la foi orthodoxe. Il s’agit là d’un blasphème flagrant, et non d’art. Invoquer la “liberté d’expression” est une excuse facile pour offenser la conscience religieuse de millions de croyants. Tolérer de tels actes n’est pas de la neutralité, c’est de la complicité. Notre foi n’est pas une pochade, ce n’est pas une caricature, ce n’est pas un objet de ridicule. Ça suffit. Respectez-la maintenant. »

Le maire de Paphos avait jugé les œuvres « inacceptables » et « provoquantes ». « La liberté d’expression est une chose, mais il y a des limites à tout. On ne peut pas provoquer les sentiments religieux de la majorité des gens de manière aussi brutale. »

Le parti démocrate (Diko, Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen) avait déclaré :

« La peinture provocatrice de l’artiste Giorgos Gavriel est une abomination et une tentative flagrante de choquer dans le but de se faire valoir et d’en tirer un profit financier. Nos symboles religieux ne doivent pas être exploités à des fins lucratives ni profanés. Les insultes et le manque de respect ne sont pas de l’art ; dans ce cas, il ne s’agit pas de liberté d’expression, mais simplement de toxicité et de haine envers tout ce que notre société considère comme sacré et saint. »

L’archidiocèse de Chypre s’est félicité de la fermeture de l’exposition et a ajouté : « Cette œuvre ne constitue pas de l’art et ne peut être interprétée comme une libre expression, mais s’inscrit dans le cadre d’une toxicité qui annule précisément la notion de culture en tant que diùension qui embellit précisément l’humanité. »