La Russie et le Chili

Maria Zakharova sur le nouveau président chilien :

« Nous saluons la volonté libre et démocratique exprimée par le peuple chilien lors des élections présidentielles. Nous apprécions la position de principe du président élu, qui consiste à fonder la politique de l’État sur le bon sens, le pragmatisme et l’abandon des contraintes idéologiques dans l’intérêt de toute la société chilienne. La Russie est prête à maintenir un dialogue constructif avec le Chili, fondé sur l’égalité, le respect mutuel, la prise en compte des intérêts nationaux et l’adhésion aux valeurs traditionnelles partagées par nos peuples. Forts de notre propre expérience dans le développement de vastes territoires, nous voyons un potentiel important de coopération dans le domaine du développement des infrastructures, en particulier dans les secteurs de l’énergie, des transports et des communications. »

L’agence TASS présente ainsi Jose Antonio Kast :

« Cet homme politique prône une réduction de l’intervention de l’État dans l’économie et la mise en œuvre de mesures plus strictes pour lutter contre la criminalité et l’immigration clandestine, que les sondages d’opinion identifient comme les problèmes les plus urgents du pays. Il a promis de réduire les taux d’imposition des sociétés, de réduire les dépenses publiques et de construire des barrières à la frontière avec la Bolivie. Kast deviendra le premier dirigeant d’extrême droite du Chili depuis le régime militaire du général Augusto Pinochet. Il est opposé à l’euthanasie, à l’avortement, au divorce et au mariage homosexuel. »

Commentaires russes

Questionné sur l’édition 2025 de la « Stratégie de sécurité nationale » américaine, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a répondu :

« Les ajustements que nous observons sont, je dirais, largement conformes à notre vision… Le président Trump est actuellement en position de force sur le plan politique national. Cela lui donne la possibilité d’ajuster le concept pour l’adapter à sa vision. »

Peskov souligne que le texte ne mentionne plus la Russie comme une « menace directe » : « Nous considérons qu’il s’agit d’une mesure positive. »  « Dans l’ensemble, ces messages (concernant les relations entre la Russie et les États-Unis) contrastent certainement avec les approches des gouvernements précédents. »

Il dit espérer que cette nouvelle stratégie « puisse constituer une modeste garantie à notre capacité de continuer de manière constructive notre travail conjoint pour trouver un règlement pacifique en Ukraine ».

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Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe :

« Il ne s’agit pas d’une étreinte amicale, mais d’un signal assez clair : les États-Unis sont prêts à discuter de l’architecture de sécurité plutôt que d’imposer des sanctions sans fin et dénuées de sens (même si les nouvelles restrictions sur le pétrole russe signifient la poursuite de la politique précédente). »

Il note lui aussi que, pour la première fois depuis des années le document américain ne fait pas référence à la Russie comme une « menace », mais comme un participant au dialogue sur la stabilité. Il souligne que la stratégie actualisée comprend une clause sur l’arrêt de l’expansion de l’OTAN.

« La stratégie fait écho de manière inattendue à ce que nous disons depuis plus d’un an : la sécurité doit être partagée et la souveraineté respectée. Aujourd’hui, une fenêtre d’opportunité pour le dialogue s’est ouverte. »

L’Europe vue de Washington

« La stratégie de sécurité nationale est un document préparé périodiquement par la branche exécutive des États-Unis qui énumère les problèmes de sécurité nationale et la manière dont l’administration prévoit d’y faire face » (Wikipedia). Donald Trump vient de publier son édition 2025. Il n’y en avait pas eu depuis 2022. Naturellement, l’étude s’étend au monde entier vu par le gouvernement américain et en rapport avec les Etats-Unis. Voici une traduction du chapitre sur l’Europe. Ça décoiffe dès le début…

Les responsables américains ont pris l’habitude d’envisager les problèmes européens sous l’angle de l’insuffisance des dépenses militaires et de la stagnation économique. Cela est vrai, mais les véritables problèmes de l’Europe sont encore plus profonds.

L’Europe continentale a perdu des parts du PIB mondial, passant de 25% en 1990 à 14% aujourd’hui, en partie à cause des réglementations nationales et transnationales qui sapent la créativité et l’esprit d’initiative.

Mais ce déclin économique est éclipsé par la perspective réelle et plus sombre d’un effacement civilisationnel. Parmi les problèmes les plus importants auxquels l’Europe est confrontée, citons les activités de l’Union européenne et d’autres organismes transnationaux qui sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent et créent des conflits, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, l’effondrement des taux de natalité et la perte des identités nationales et de la confiance en soi.

Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable d’ici 20 ans ou moins. Dans ces conditions, il est loin d’être évident que certains pays européens disposeront d’une économie et d’une armée suffisamment solides pour rester des alliés fiables. Bon nombre de ces nations redoublent actuellement d’efforts dans la voie qu’elles ont empruntée. Nous voulons que l’Europe reste européenne, qu’elle retrouve sa confiance en sa civilisation et qu’elle abandonne sa stratégie infructueuse de suffocation réglementaire.

Ce manque de confiance en soi est particulièrement évident dans les relations entre l’Europe et la Russie. Les alliés européens jouissent d’un avantage significatif en matière de puissance militaire sur la Russie dans presque tous les domaines, à l’exception des armes nucléaires. À la suite de la guerre menée par la Russie en Ukraine, les relations entre l’Europe et la Russie sont désormais profondément affaiblies, et de nombreux Européens considèrent la Russie comme une menace existentielle. La gestion des relations entre l’Europe et la Russie nécessitera un engagement diplomatique important de la part des États-Unis, à la fois pour rétablir les conditions d’une stabilité stratégique sur le continent eurasien et pour atténuer le risque de conflit entre la Russie et les États européens.

Il est dans l’intérêt fondamental des États-Unis de négocier une cessation rapide des hostilités en Ukraine, afin de stabiliser les économies européennes, d’empêcher une escalade ou une extension involontaire de la guerre, de rétablir la stabilité stratégique avec la Russie et de permettre la reconstruction de l’Ukraine après les hostilités afin qu’elle puisse survivre en tant qu’État viable.

La guerre en Ukraine a eu pour effet pervers d’accroître la dépendance extérieure de l’Europe, en particulier de l’Allemagne. Aujourd’hui, les entreprises chimiques allemandes construisent certaines des plus grandes usines de transformation au monde en Chine, en utilisant du gaz russe qu’elles ne peuvent pas obtenir chez elles. L’administration Trump se trouve en désaccord avec les responsables européens qui ont des attentes irréalistes concernant la guerre, juchés dans des gouvernements minoritaires instables, dont beaucoup bafouent les principes fondamentaux de la démocratie pour réprimer l’opposition. Une large majorité des Européens souhaite la paix, mais ce désir ne se traduit pas en politique, en grande partie à cause de la subversion des processus démocratiques par ces gouvernements. Cela revêt une importance stratégique pour les États-Unis, précisément parce que les États européens ne peuvent se réformer s’ils sont enlisés dans une crise politique.

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L’euthanasie au Canada

Le gouvernement du Canada a publié son sixième rapport annuel sur l’euthanasie légale, dite « aide médicale à mourir » (AMM), pour l’année 2024 : 16.499 personnes ont été tuées de cette façon l’année dernière. Un chiffre en augmentation de 6,9% par rapport à 2023.

Le texte rappelle et souligne que « l’AMM n’est pas classée comme cause de décès par l’Organisation mondiale de la santé ». Car c’est « un service de santé fourni dans le cadre de soins de fin de vie ou complexes auquel une personne peut accéder dans des circonstances très limitées ». Mais de moins en moins limitées. D’ailleurs on ne voit pas pourquoi il faudrait limiter un « service de santé »…

Au Canada, deux « voies » sont prévues pour demander l’« aide médicale à mourir ». Il y a la « voie 1 » si la mort est « raisonnablement prévisible » (sic) ou la « voie 2 » si elle ne l’est pas du tout : la « voie 2 » a été mise en place en 2021 pour pouvoir tuer des gens qui ne sont pas malades.

En 2024, 95,6% des cas d’AMM relevaient de la voie 1, et 4,4% de la voie 2. Mais le taux de croissance est nettement supérieur pour la seconde voie : 17,1% entre 2023 et 2024. Il s’agit en majorité des femmes et déclarant une situation de handicap à 61,5%, ont témoigné souffrir de solitude ou d’isolement pour 44,7% d’entre elles et craindre d’être perçues comme une « charge » pour leur famille, amis ou proches aidants, pour plus de la moitié.

« Santé Canada continuera de travailler avec les systèmes de santé provinciaux et territoriaux, les experts, les intervenants, les partenaires autochtones et les membres du public afin de s’assurer que l’AMM soit administrée de façon sécuritaire, appropriée, respectueuse, inclusive et fondée sur la dignité humaine », déclare Marjorie Michel, ministre de la Santé… Ce qui fait au moins cinq diaboliques et inhumains mensonges en une seule phrase.

C’est Le Monde qui vous le dit…

Le Monde participe tellement du fantasme ambiant qu’il le théorise dans son éditorial de ce jour.

Quel est le péril pour l’Europe ? C’est que le plan américain est une « capitulation » de l’Ukraine, et que ce « serait aussi celle de l’Europe, tant ses intérêts de sécurité sont désormais liés à ceux de l’Ukraine face à la Russie de Vladimir Poutine ».

Mais la sécurité de « l’Europe » n’est en aucune manière liée à celle de l’Ukraine. D’autant que ses ennemis sont à l’intérieur, et non dans les délires des services extérieurs.

Le péril pour l’Europe est ailleurs : c’est qu’en cas de paix imposée à l’Ukraine par les Etats-Unis et la Russie dans le dos de l’Union européenne, ces deux puissances pourront reprendre des relations normales, et que l’Union européenne sera marginalisée. Or elle l’aura bien cherché. Et avec assiduité. Et plus elle « refusera la perspective d’une solution imposée à l’Ukraine », plus elle sera ensuite tenue à l’écart, soumise à l’inévitable mépris de ceux qui décident.