Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour supprimer la liberté d’expression. Dans un monde « libéral », cela paraît impossible. Mais le biais a été trouvé : il s’agit de présenter cela comme la « lutte contre la désinformation », afin de « sauver la démocratie » mise en péril par les « complotistes ».
John Kerry vient de passer un nouveau seuil. Il vient de dire explicitement que le premier amendement de la Constitution américaine, celui qui garantit la liberté d’expression est « un obstacle majeur » dans ce combat contre la désinformation et pour la démocratie. La conclusion obvie est qu’il faut donc supprimer le premier amendement…
Jusqu’ici il paraissait impensable qu’un Américain s’en prenne au sacrosaint « premier amendement ». Le fait que John Kerry le fasse n’est donc pas anodin.
John Kerrry, sénateur pendant 15 législatures et enfin président du comité des affaires étrangères du Sénat, puis ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis sous Obama, a été fait « envoyé présidentiel spécial pour le climat » par Jobidon. Son mandat s’est terminé en mars dernier, mais c’est toujours ès qualités qu’il pontifiait mercredi dernier devant le Forum économique mondial. Il évoquait donc les « entités » qui désinforment sur le réchauffement climatique, et il en tirait des conclusions générales :
« Vous savez, il y a beaucoup de discussions sur la façon de limiter ces entités afin de garantir une certaine responsabilité sur les faits, etc. Mais si les gens ne s’adressent qu’à une seule source, et que cette source est malade, qu’elle a un programme et qu’elle diffuse de la désinformation, notre premier amendement constitue un obstacle majeur pur pouvoir simplement, eh bien, la faire disparaître.
« Ce dont nous avons besoin, c’est de conquérir le terrain, de gagner le droit de gouverner, en espérant gagner suffisamment de voix pour être libres de mettre en œuvre le changement. »
« L’aversion et l’angoisse suscitées par les médias sociaux ne cessent de croître. Cela fait partie de notre problème, en particulier dans les démocraties, lorsqu’il s’agit de construire un consensus autour d’une question. Il est vraiment difficile de gouverner aujourd’hui. Les référents que nous avions l’habitude d’avoir pour déterminer ce qui est un fait et ce qui ne l’est pas ont été éviscérés, d’une certaine façon. Et les gens choisissent eux-mêmes où ils vont pour leurs nouvelles, pour leurs informations. On entre alors dans un cercle vicieux ».
« Les démocraties du monde entier sont aujourd’hui confrontées à l’absence d’une sorte d’arbitre de la vérité, et personne ne définit ce que sont réellement les faits.
« Je pense que les démocraties sont actuellement confrontées à de grandes difficultés et qu’elles n’ont pas prouvé qu’elles pouvaient agir assez vite et assez fort pour relever les défis auxquels elles sont confrontées, et pour moi, cela fait partie de l’enjeu de cette élection. Allons-nous faire baisser la fièvre aux États-Unis ? »
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