Mardi de la première semaine de carême

Evangiles d’Otton III.

Ce que le Seigneur avait dit en figure, en maudissant le figuier stérile, il le manifeste bientôt plus ouvertement en chassant du temple les voleurs. Car l’arbre n’avait péché en rien, du fait qu’il n’avait pas eu de fruits pour le Seigneur affamé, car la saison n’en était pas encore venue ; mais ils ont péché, les prêtres qui géraient des affaires séculières et avaient négligé de porter le fruit de piété qu’ils auraient dû et dont le Seigneur avait faim en eux. Par sa malédiction, le Seigneur dessécha l’arbre, pour que les hommes témoins ou informés de cette malédiction comprissent beaucoup mieux que leur condamnation au jugement divin était inévitable, si sans le fruit des œuvres, ils n’avaient à s’applaudir que d’un langage religieux, comme du son et du revêtement d’un verdoyant feuillage.

Mais parce qu’ils ne comprirent pas, il exerça logiquement sur eux la sévérité de la vengeance méritée et il chassa le trafic des affaires humaines, hors de la maison dans laquelle la loi commandait de ne traiter que les affaires divines, d’offrir à Dieu hosties et prières, de lire, d’entendre et de chanter la parole de Dieu.

Et cependant on peut croire qu’il ne vit vendre ou acheter dans le temple que les articles nécessaires au service de ce temple, d’après ce que nous lisons ailleurs : entrant au temple il y trouva des gens qui vendaient et achetaient des brebis, des bœufs et des colombes, précisément tout ce que les pèlerins venus de loin n’achetaient aux gens du pays, à ce qu’il faut croire, que pour l’offrir dans la maison du Seigneur.

Si donc le Seigneur ne voulait pas même laisser vendre dans le temple les choses qu’il voulait qu’on y offrît, sans doute à cause de la passion d’avarice et de fraude qui est habituellement le péché propre des marchands, quelle n’est pas, pensez-vous, la sévérité de la peine qu’il infligerait à ceux qu’il trouverait là occupés à rire ou à bavarder ou adonnés à quelque autre vice ? Car si le Seigneur ne souffre pas qu’on traite dans sa maison des affaires temporelles qui peuvent se traiter licitement ailleurs, combien plus mériteront-ils la colère du ciel, ceux qui font dans les édifices consacrés à Dieu ce qu’il n’est nulle part permis de faire ?

Mais, puisque l’Esprit-Saint est apparu en forme de colombe au-dessus du Seigneur, c’est à juste titre que les colombes figurent les dons du Saint-Esprit. Or aujourd’hui, dans le temple de Dieu, qui sont les vendeurs de colombes, sinon ceux qui, dans l’Église, acceptent d’être payés pour l’imposition des mains par laquelle le Saint-Esprit est donné du ciel ?

Saint Bède, 7e homélie de carême, leçons des matines.


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