Sainte Brigitte

La dictée de l’ange à sainte Brigitte (Sermo angelicus), vers 1450-1500, Allemagne du Nord ou Pays-Bas, Musée du Götaland de l’est, Linköping, Suède. (Photo du musée.)

Livre 1 des Révélations célestes, chapitre 6.

Mes ennemis sont comme des bêtes farouches qui ne peuvent jamais être rassasiées ni s’apaiser ; leur cœur est tellement vide de charité que la pensée de ma passion n’y entre jamais. Jamais cette parole n’est sortie une fois de l’intime de leur cœur : Seigneur, vous nous avez rachetés : louange vous soit pour votre amère passion ! Comment mon Esprit peut-il être avec eux ? ils n’ont aucun amour envers moi ; ils trahissent librement les autres afin d’accomplir leurs volontés ; leur cœur est plein de vile vermine, c’est-à-dire, d’affections du monde ; le diable a mis en leur bouche la fiente du péché : c’est pourquoi mes paroles ne leur plaisent point. Partant, je les séparerai de mes amis avec la scie tranchante ; et comme il n’y a pas de mort plus amère que celle qui est faite avec la scie, de même il n’y aura pas de supplice qu’ils n’expérimentent et n’éprouvent ; et le diable les sciera par le milieu ; et ils seront séparés de moi parce qu’ils me sont odieux ; tous ceux aussi qui sont unis avec eux seront séparés de moi : c’est pourquoi j’envoie mes amis pour séparer de mes membres les membres du diable, car ils sont vraiment mes ennemis.

Je les envoie donc comme mes soldats à la guerre, car celui qui afflige sa chair et s’abstient des choses illicites, est en vérité mon soldat. Ils ont pour lance les paroles que j’ai dites ; pour glaive en leur main la foi ; pour cuirasse sur leur poitrine l’amour, afin qu’en toute sorte de rencontre, ils m’aiment de même manière. Ils ont au côté le bouclier de la patience, afin de supporter toutes choses patiemment, car je les ai enserrés comme l’or dans le vase, et maintenant ils doivent sortir et marcher par ma voie. Et moi, je ne pouvais entrer, selon la justice bien ordonnée, en la gloire majestueuse avec mon humanité sans tribulation ; comment donc y entreront-ils ? Si leur Seigneur souffrait, est-ce extraordinaire qu’ils souffrent ? Si Notre Seigneur a supporté les coups de fouets, ce n’est pas grand-chose s’ils endurent des paroles. Qu’ils ne craignent pas, car je ne les laisse jamais ; car comme il est impossible au diable de toucher le cœur de Dieu et de le diviser, de même il lui est impossible de séparer de moi mes amis. Et d’autant qu’ils sont devant moi comme l’or précieux, s’ils sont éprouvés par un petit feu, je ne les abandonne pas pourtant, mais cela réussit pour une plus grande récompense.


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