Dans la liturgie byzantine, l’apolitykion de saint Luc est celui des apôtres. Mais le kondakion est propre :
Μαθητὴς γενόμενος τοῦ Θεοῦ Λόγου, σὺν τῷ Παύλῳ ἅπασαν, ἐφωταγώγησας τὴν γῆν, καὶ τὴν ἀχλὺν ἀπεδίωξας, τὸ θεῖον γράψας, Χριστοῦ Εὐαγγέλιον.
Disciple du Verbe divin, tu as illuminé la terre entière avec saint Paul et chassé les ténèbres en écrivant l’Évangile du Christ.
L’épitre de la divine liturgie est la fin de l’épître aux Colossiens, quand saint Paul énumère ses collaborateurs qui saluent les Colossiens, dont Luc, « le médecin, qui m’est très cher ». La liturgie latine a choisi le passage de la seconde épître aux Corinthiens, où saint Paul dit qu’il leur a envoyé, en compagnie de Tite, « un frère, dont la louange, en ce qui concerne l’Evangile, est répandue dans toutes les églises », et qui en outre « a été choisi par les églises comme notre compagnon de voyage » pour la collecte.
Il est étonnant que saint Paul ne nomme pas ce frère exceptionnel. Avec certains pères dont saint Jérôme qui l’affirme), la liturgie y voit saint Luc, à cause de « l’Evangile » (mais il ne s’agit manifestement pas du livre de saint Luc), et parce qu’il a été effectivement l’un des principaux compagnons de voyage de saint Paul, mais d’autres noms ont été avancés.
L’évangile de la liturgie latine est le début du chapitre 10 de saint Luc, quand le Seigneur envoie en mission 72 disciples, selon le texte latin, 70 selon le texte grec, deux à deux. Dans la liturgie byzantine, l’évangile est la suite : quand ces disciples reviennent. Certains pères ont considéré que saint Luc faisait partie de ces disciples, dont il est le seul à parler. Mais il paraît bien dire dès le début de son évangile qu’il n’a pas été témoin oculaire de la vie de Jésus.
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Bien intéressant, merci.
Extrait de la biographie de Paul de Tarse de Joseph Holzner:
« Luc était un ancien prosélyte. Eusèbe affirme son origine antiochienne Ces connaissances nautiques peu ordinaires permettent de conclure qu’il est né dans une ville maritime et qu’il a beaucoup voyagé, à l’instar des médecins grecs, qui étaient de grands voyageurs. Nous pourrions admettre que Luc exerçait à cette époque son métier dans des ports comme Troas, et qu’il avait soigné Paul, pas encore complètement remis. Cette rencontre voulue par Dieu fut le point de départ d’une des amitiés les plus riches en conséquences dans l’histoire du christianisme. Excepté entre le premier et le deuxième séjour de Paul à Philippes, nous voyons constamment Luc aux côtés de l’Apôtre. Il a partagé sa première et sa deuxième captivité à Rome. Paul le mentionne trois fois dans les épîtres de la captivité. La première fois dans la lettre aux Colossiens : « Luc le médecin bien aimé vous salue » (4,14). Cette phrase semble être l’écho de la profonde reconnaissance de Paul, si souvent malade, pour les soins médicaux de son fidèle ami. Paul envoie des salutations de sa part aux Colossiens. On devait donc bien le connaître là-bas. Dans sa lettre à Philémon, Paul compte Luc au nombre de ses collaborateurs. Lors de sa deuxième captivité à Rome, il écrit mélancoliquement à Timothée : « Luc seul est avec moi ! » D’après un ancien prologue de l’Evangile de Luc, datant probablement du deuxième siècle, Luc était célibataire. Après la mort de Paul, il aurait prêché l’Évangile en Achaïe, serait mort en Béotie, âgé de 84 ans, et aurait été enterré à Thèbes.
…
Le troisième trait est sa douceur de caractère. Luc est conciliant, son âme et noble, et il garde son attachement jusque dans la mort. Admirateur du grand Apôtre, il reste toujours indépendant et mesuré dans ses paroles et dans ses pensées. « L’Orient est peint, dans ses récits, avec ses passions changeantes, brusques, impétueuses, mais sobrement, d’une touche ferme et sûre ». Cet homme, calme et pondéré, devint, « sans rien perdre de cet équilibre, l’évangéliste et l’historien du plus ardent des hommes ». Combien précieux sont de tels liens d’amitié pour les hommes eux-mêmes comme pour le Royaume de Dieu ! Grâce à la gloire éclatante de Paul, Luc s’est acquis une célébrité mondiale et son œuvre est devenue d’une importance capitale pour le développement de l’histoire. Le ciel en disposait ainsi, afin de nous ménager un double tableau de l’Église naissante : L’un, tracé par Paul et ses épîtres, passionné, frémissant des ardeurs de la lutte, l’autre, d’une main plus égale, celle du chirurgien qui maniait le bistouri de la plume avec la même assurance. Ainsi, L’Orient et la Grèce ont mélangé leurs plus belles qualités : la profondeur et le feu de la vision prophétique de Paul, et la pensé claire, sereine et harmonieuse de Luc ».
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