Eurocorruption

Federica Mogherini et les deux hommes arrêtés avec elle hier matin ont été relâchés ce matin « parce qu’ils ne tenteront pas de prendre la fuite ».

Extraits de l’article d’Euractiv (organe de propagande européiste prompt à déboulonner les statues qu’on adorait la veille…) intitulé « Dans la jungle bruxelloise : perquisitions, arrestations et nouvelle crise de crédibilité pour l’UE ».

Pour Federica Mogherini et Stefano Sannino, deux diplomates italiens au sommet de leur carrière, ces arrestations constituent un retournement de situation spectaculaire. Tous deux étaient perçus comme des acteurs qui maîtrisaient, voire étaient capables de façonner, les rouages discrets de la politique étrangère européenne.

Parallèlement, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) mène une enquête distincte sur Stefano Sannino, soupçonné d’avoir usé de son influence au sein du SEAE pour favoriser certains candidats à des postes de haut niveau, selon plusieurs sources proches du dossier. L’Italien a occupé le poste de secrétaire général du bras diplomatique de l’UE de 2021 à 2023, l’un des postes les plus puissants de la fonction publique à Bruxelles.

Les liens entre Stefano Sannino et Federica Mogherini sont profonds. Il était ambassadeur d’Italie auprès de l’UE lorsqu’elle était ministre des Affaires étrangères du pays en 2014. Plus tard, il est devenu le bras droit du successeur de Federica Mogherini à la tête du SEAE, l’Espagnol Josep Borrell, qui a pris le poste en 2019. Alors qu’il s’apprêtait à prendre sa retraite l’an dernier, Stefano Sannino a finalement été nommé pour diriger la Direction générale chargée du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Golfe (DG MENA) de la Commission.

Les scandales précédents visaient surtout le Parlement européen, souvent vu comme la grande institution la moins influente du bloc. Là, c’est le Collège d’Europe — véritable pépinière de hauts fonctionnaires européens — et le SEAE, responsable du réseau diplomatique mondial de l’Union, qui sont directement concernés. Si les soupçons étaient confirmés, c’est le cœur de la machine diplomatique européenne qui serait mis en cause, un domaine jusqu’ici largement fermé au contrôle extérieur.

Au Collège d’Europe, où Federica Mogherini occupe depuis 2020 le poste de rectrice, son influence est autant politique que personnelle. Un ancien étudiant la décrit comme « une déesse » au sein de l’établissement, estimant qu’elle y a insufflé une éthique politique dans un environnement essentiellement académique. Son mandat a été renouvelé pour cinq ans l’année dernière.

Federica Mogherini a également attiré l’attention pour ses associations passées. Elle a autrefois siégé au conseil d’honneur d’une fondation dirigée par Pier-Antonio Panzeri, figure clé du Qatargate et ancien eurodéputé de son groupe politique, les Socialistes et Démocrates (S&D). Elle a déclaré par la suite qu’elle n’était pas au courant des actes répréhensibles présumés de son compatriote et a démissionné de l’organisation dès que les accusations ont été rendues publiques.

Elle s’est à nouveau fait remarquer en 2022, lorsque Josep Borrell, qui lui avait succédé au poste de Haut représentant de l’Union pour les Affaires et la Politique de sécurité fin 2019, a inauguré l’Académie diplomatique au centre de l’enquête actuelle, hébergée par le Collège d’Europe. Federica Mogherini a ensuite été chargée de la direction de cette initiative. Le budget initial de l’Académie — près de 2 millions d’euros pour deux ans — reflétait la volonté de Josep Borrell d’étendre la formation professionnelle des diplomates de l’UE.

Lors du lancement de l’Académie, Josep Borrell a utilisé l’une de ses métaphores favorites : « Le reste du monde — et vous le savez très bien, Federica — n’est pas exactement un jardin. La majeure partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin ».

Aujourd’hui, l’image s’inverse : ce n’est plus seulement la « jungle extérieure » qui menace l’Europe, mais des dérives nées au cœur même de ses institutions — rappel brutal que la corruption prospère d’autant mieux lorsque les jardiniers cessent de s’occuper des mauvaises herbes.


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