Alors que l’empereur d’Orient Valens est mort à la guerre sans héritier, l’empereur d’Occident Gratien (qui a 20 ans) lui donne pour successeur le général hispanique Théodose, qui a rétabli l’ordre avec brio dans cette partie de l’empire.
C’est le 19 janvier 379. Théodose s’installe à Thessalonique. Un an plus tard, alors qu’il n’est que catéchumène, il publie un édit au préfet de Constantinople, qu’il signe aussi des noms de Gratien et du co-empereur d’Occident Valentinien II. Ce texte, l’Edit de Thessalonique, impose comme règle pour tous les peuples de l’empire la foi « que le divin apôtre Pierre a transmise aux Romains et que suivent, de toute évidence, le pontife Damase et Pierre, l’évêque d’Alexandrie, homme d’une sainteté apostolique ».
Cette foi est celle de Nicée, que Théodose impose alors que l’hérésie arienne règne sur une bonne partie du monde chrétien. (Pierre d’Alexandrie a lui-même été chassé de son siège en 362 et s’est réfugié… à Rome, chez saint Damase), et que le paganisme est encore bien vivant. C’est le même Théodose qui convoquera en 381 le concile de Constantinople réaffirmant la foi de Nicée et complétant le Credo.
(Théodose s’installera à Milan en 388. En 390, en réaction au meurtre d’un officier dans une émeute, il ordonne le fameux massacre de Thessalonique qui fera dit-on 7.000 morts. Saint Ambroise l’exhorte alors à la pénitence : « Je t’écris non pour t’humilier, mais pour que les exemples des rois te poussent à effacer ce péché de ton règne. Tu l’effaceras en humiliant ton âme devant Dieu », et l’empereur s’y soumet humblement. La pénitence se terminera le jour de Noël.)
Voici le texte de l’Edit de Thessalonique.
Les empereurs Gratien, Valentinien II et Théodose Augustes. Édit au peuple de la ville de Constantinople.
Nous voulons que tous les peuples gouvernés par la juste mesure de Notre Clémence vivent dans la religion que le divin apôtre Pierre — comme le proclame cette même religion, introduite par lui et continuée jusqu’à nos jours — a transmise aux Romains et que suivent, de toute évidence, le pontife Damase et Pierre, l’évêque d’Alexandrie, homme d’une sainteté apostolique. Ainsi, selon la discipline apostolique et la doctrine évangélique, nous devons croire que le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont une seule Divinité, invoquée comme égale Majesté et Trinité bienveillante.
Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi prennent le nom de chrétiens catholiques. Quant aux autres, nous considérons qu’ils encourent, par leur folie et leur égarement, l’infamie attachée aux doctrines hérétiques, que leurs petits groupes ne méritent pas le nom d’Églises et qu’ils seront frappés, d’abord par la vengeance divine, ensuite par un châtiment dont, en accord avec la décision céleste, nous prendrons l’initiative.
Donné le troisième jour avant les calendes de mars, à Thessalonique, sous le cinquième consulat de Gratien Auguste et le premier de Théodose Auguste.
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