La persécution en Ukraine

Traduction d’un article de Orthodox Christian. Je mets en gras le plus important.

Son Éminence le métropolite Antoine de Boryspil et Brovary, chancelier de l’Église orthodoxe ukrainienne, a publié une longue déclaration dans laquelle il s’exprime sur la persécution actuelle dont fait l’objet l’Église et appelle les croyants à maintenir leur foi et leur unité pendant cette période qui est la plus difficile depuis l’indépendance de l’Ukraine.

Faisant un parallèle avec la fin des années 1980, le métropolite Antoine rappelle comment la célébration du millénaire du baptême de la Rus’ en 1988 a marqué un réveil spirituel après des décennies d’athéisme soviétique. Il note qu’avec l’indépendance de l’Ukraine, les croyants avaient confiance que « les responsables de la structure et de la gouvernance de l’État tiendraient compte des leçons du passé et ne lèveraient plus jamais la main contre l’Église ».

Le métropolite déclare que seulement 30 ans après ce renouveau, au cours duquel « la terre ukrainienne s’est parée de milliers de dômes dorés, de centaines de monastères et de dizaines d’écoles théologiques », la situation s’est radicalement inversée. Il décrit comment l’Église orthodoxe ukrainienne, « reconnue par toutes les Églises orthodoxes locales comme la seule Église canonique en Ukraine », a été confrontée à une hostilité croissante, en particulier au cours de la dernière décennie.

Évoquant les événements de 2018, Son Éminence critique directement le rôle du patriarche Bartholomée de Constantinople. « Malheureusement, la part du lion de la responsabilité de cette anarchie incombe personnellement au primat du patriarcat de Constantinople », déclare-t-il. Le métropolite se souvient d’une visite au Phanar en 2018, lorsque le patriarche Bartholomée a déclaré à la délégation de l’Eglise orthodoxe ukrainienne : « Je ne ferai jamais de mal à l’Église orthodoxe ukrainienne. »

Le métropolite Antoine demande alors sans détour si le patriarche peut désormais « regarder droit dans les yeux » Son Éminence le métropolite Arsène de Svyatogorsk, qui « est en détention provisoire depuis plus d’un an », ainsi que de nombreux autres hiérarques qui « ont fait ou font encore l’objet d’une enquête ».Il mentionne que Sa Béatitude le métropolite Onuphre « a été déchu de sa citoyenneté » et que de nombreux évêques et membres du clergé « ont été placés sur la liste des sanctions, limitant ainsi leurs droits civils ».

Le chancelier décrit la confiscation d’églises, les attaques contre le clergé et les paroissiens, et la situation actuelle des reliques sacrées de la Laure des Grottes de Kiev, qui, selon lui, sont désormais « pour ainsi dire sous arrestation et soumises à une sorte d’expériences et de recherches ».

Son Éminence aborde les récentes demandes du gouvernement visant à modifier la charte de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, rejetant les suggestions selon lesquelles l’Église pourrait se conformer « formellement » tout en conservant ses croyances. « Le christianisme rejette catégoriquement le formalisme et le manque de sincérité dans les comportements et les paroles envers quiconque ou quoi que ce soit », déclare-t-il, comparant ces demandes aux persécutions anciennes lorsque les chrétiens étaient invités à offrir de l’encens aux idoles.

Le métropolite Antoine insiste sur le fait que l’Eglise orthodoxe ukrainienne est « indépendante et autonome depuis les années 1990 » conformément à la charte accordée par Sa Sainteté le patriarche Alexis II. « Personne ne nous a jamais dicté les décisions que le Synode de l’Eglise orthodoxe ukrainienne devait prendre. Tout est décidé exclusivement à Kiev », affirme-t-il, tout en soutenant que l’Église apprécie son « unité spirituelle et canonique » avec l’orthodoxie universelle.

Le métropolite met en garde contre l’acceptation des exigences du gouvernement ou de l’alternative d’un « tristement célèbre exarchat », déclarant que « la lutte est beaucoup plus profonde et se situe à des niveaux bien plus sérieux ». Il cite l’apôtre Paul : « Car notre combat n’est pas contre la chair et le sang, mais contre les forces spirituelles du mal dans les lieux célestes ».

En conclusion, Son Éminence cite saint Hilaire de Poitiers : « L’Église triomphe lorsqu’elle est blessée. » Il dit aux croyants que leurs souffrances actuelles ne sont « pas une punition, mais un signe de notre élection », et les appelle à suivre leur chemin « avec patience et courage, sans trahir Dieu ou notre Église, en préservant l’unité ecclésiastique ».


En savoir plus sur Le blog d'Yves Daoudal

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire