Vendredi de la Sexagésime

Heures dites de Bedford, Paris, début du XVe siècle.

Aujourd’hui la lecture biblique est, après la généalogie de Cham et Japhet, l’histoire de la Tour de Babel. Voici des extraits de la 28e Question à Thalassios, de saint Maxime le Confesseur (à savoir sa réponse à Thalassios), sur « Descendons et divisons leur langues » (traduction Françoise Vinel, Sources chrétiennes).

Les constructeurs de la tour se déplacèrent depuis l’Orient, du pays de la lumière, je veux dire de la connaissance unique et véritable de Dieu, et se rendirent au pays de Sennaar, nom que l’on traduit par “dents du blasphème”. Ils tombèrent dans des opinions multiples sur la divinité, et, disposant l’exposé de chaque opinion comme des briques, ils édifièrent, telle une tour, l’impiété aux dieux multiples. Il est normal alors que Dieu réduise à rien la confession née de la mauvaise harmonie des hommes égarés et se nomme au pluriel à cause de la disposition, réduite à rien et éparpillée en opinions innombrables, de ce qu’il conçoit d’avance dans sa Providence ; il montre ainsi que lui qui est un a été démultiplié parmi eux tout comme il se manifeste à Adam en disant : « Voici, Adam est devenu comme l’un de nous. » C’est pour cette raison que dans les paroles des Ecritures Dieu est tantôt au pluriel tantôt ramené à l’unité.

(…)

Recevons la sainte Ecriture qui introduit la très sainte Trinité dans l’unité, tantôt comme créatrice, ainsi avec « Faisons l’homme » – l’existence des êtres est clairement l’œuvre du Père, du Fils et du Saint-Esprit –, tantôt comme accueillante à ceux qui se gouvernent avec piété selon ses lois et comme providence pour ceux qui ont reçu d’elle l’origine de leur être – c’est ainsi qu’elle se manifeste triadiquement à Abraham et s’adresse à lui monadiquement -, tantôt comme vengeresse, c’est-à-dire qu’elle juge ceux qui détruisent les lois de la nature – ainsi avec « Descendons et divisons leurs langues ». En effet, la sainte Trinité consubstantielle non seulement crée les êtres, mais elle les maintient et répartit ce qui correspond au mérite de chacun, en tant qu’elle est le Dieu unique qui est par nature créateur, provident et juge de ceux qu’il a faits. Car juger et veiller avec sagesse sur ses œuvres, tout comme créer, sont communs au Père, au Fils et au Saint-Esprit.


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