Aujourd’hui en Russie – et en Ukraine – c’est la fête de saint Séraphim de Sarov. Elle est célébrée de façon particulièrement solennelle dans le monastère de Diveïevo dont il était le père spirituel.
Extraits du chapitre 7 de l’Entretien avec Motovilov.
– Quand même, répondis-je, je ne comprends pas encore comment je puis être vraiment sûr d’être dans l’Esprit Saint ! Comment puis-je en moi-même reconnaître Sa véritable présence ?
Petit Père Séraphim répondit : « J’ai déjà dit, votre Théophilie, que c’était fort simple et vous ai raconté d’une façon détaillée comment les hommes peuvent être en la plénitude de l’Esprit Saint et comment il faut reconnaître Son apparition en nous. Alors, petit père, que voulez-vous de plus ? ».
– Il me faut, dis-je, pouvoir le comprendre mieux encore !
Alors Père Séraphim me serra fortement les épaules et dit :
– Nous sommes tous les deux en la plénitude de l’Esprit Saint ! Pourquoi ne me regardes-tu pas ?
– Je ne le puis, dis-je, petit Père car des foudres jaillissent de vos yeux. Votre face est devenue plus lumineuse que le soleil et mes yeux sont broyés de douleur !
– N’ayez pas peur, dit saint Séraphim. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi ; vous êtes aussi, à présent, en la plénitude de l’Esprit Saint Autrement, vous n’auriez pu me voir ainsi ». Et inclinant la tête vers moi, il me dit doucement à l’oreille : « Remerciez le Seigneur de nous avoir donné Sa Grâce ineffable. Vous avez vu que je n’ai même pas fait un signe de croix ; seulement, dans mon cœur, en pensée, j’ai prié le Seigneur Dieu et j’ai dit : « Seigneur, rends-le digne de voir clairement avec ses yeux de chair la descente de l’Esprit Saint, comme Tu l’as fait voir à Tes serviteurs élus quand Tu daignas apparaître dans la magnificence de Ta Gloire ! » Et voilà, petit père, Dieu exauça immédiatement l’humble prière de l’humble Séraphim ! Comment pourrions-nous ne pas Le remercier pour ce don inexprimable accordé à nous deux ?
(…)
Après ces mots, je regardai sa face et une peur surnaturelle encore plus grande m’envahit. Représentez-vous la face d’un homme qui vous parle au milieu d’un soleil de midi. Vous voyez les mouvements de ses lèvres, l’expression changeante de ses yeux, vous entendez sa voix, Vous sentez que quelqu’un vous serre les épaules de ses mains, mais vous n’apercevez ni ses mains, ni son corps, ni le vôtre, mais seulement cette éclatante lumière qui se propage à plusieurs mètres de distance tout autour, éclairant la surface de neige recouvrant la prairie, et la neige qui continue à nous saupoudrer, le grand Staretz et moi-même. Qui pourrait imaginer mon état d’alors !
– Que sentez-vous à présent ? demanda saint Séraphim.
– Je me sens extraordinairement bien !
– Mais… Comment cela, « bien » ? En quoi consiste ce « bien » ?
– Je ressens en mon âme un silence, une paix, tels que je ne puis l’exprimer par des paroles…
– C’est là, votre Théophilie, dit le petit Père Séraphim, cette paix même que le Seigneur désignait à Ses disciples lorsqu’Il leur disait : « Je vous donne Ma paix, non comme le monde la donne. C’est Moi Qui vous la donne. Si vous étiez de ce monde, le monde aurait aimé les siens. Je vous ai élus et le monde vous hait. Soyez donc téméraires, car J’ai vaincu le monde ! ».
(…)
– Mais que ressentez-vous en plus de la paix ? demanda saint Séraphim.
– ….une douceur extraordinaire…
– C’est cette douceur dont parlent les Saintes Écritures : « Ils boiront le breuvage de Ta maison et Tu les désaltéreras par le torrent de Ta douceur ». C’est cette douceur qui déborde dans nos cœurs et s’écoule dans toutes nos veines en un inexprimable délice. On dirait qu’elle fait fondre nos cœurs, les emplissant d’une telle béatitude qu’aucune parole ne saurait la décrire. Et que sentez-vous encore ?
– Tout mon cœur déborde d’une joie indicible.
– Quand le Saint Esprit, continua saint Séraphim, descend vers l’homme et le couvre de la plénitude de Ses dons, l’âme de l’homme se remplit d’une inexprimable joie, parce que le Saint Esprit recrée en joie tout ce qu’Il a effleuré ! C’est de cette même joie dont parle le Seigneur dans l’Évangile : « Quand la femme enfante, elle est dans la douleur, car son heure est arrivée. Mais, ayant mis au monde un enfant, elle ne se souvient plus de la douleur, tant la joie d’avoir enfanté est grande… Vous aurez de la douleur dans le monde, mais quand Je vous visiterai, vos cœurs se réjouiront et votre joie ne vous sera point ravie ».
(…)
– Que sentez-vous en plus de cela, votre Théophilie ?
– Une chaleur extraordinaire, répondis-je.
– Comment cela, chaleur ? Ne sommes-nous pas en pleine forêt, l’hiver, la neige sous nos pieds, qui nous recouvre d’une couche épaisse et continue à nous saupoudrer ? Quelle chaleur pouvez-vous ressentir ici ?
– Mais une chaleur comparable à celle d’un bain de vapeur à l’instant où son tourbillon vous enveloppe.
– Et l’odeur que vous sentez, est-elle aussi comme aux bains ?
– Oh ! que non, dis-je. Rien sur la terre ne peut se comparer à cet aromate. Quand autrefois j’aimais danser, aux réunions et aux bals, feu ma petite mère me parfumait parfois avec des parfums qu’elle achetait dans les meilleurs magasins de Kazan. Mais ces parfums ne sont rien en comparaison de ces « aromates ».
Petit Père Séraphim, alors, sourit agréablement en disant:
– Je sais, en vérité, que c’est bien ainsi et c’est exprès que je vous questionne sur ce que vous ressentez ! C’est bien vrai, votre Théophilie, rien ne peut se comparer avec le parfum que nous humons actuellement, car c’est l’aromate de l’Esprit Saint qui nous enveloppe. Quelle chose terrestre peut lui être comparée ?

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J’ai lu ces entretiens et les ai appréciés, mais je ne suis pas loin de croire qu’on puisse parler à ce sujet d’un auteur « pseudo » comme Denys l’Aéropagite, dont la valeur doctrinale des oeuvres pour la spiritualité n’empêche pas qu’elles ne sont probablement pas de lui. https://www.johnsanidopoulos.com/2020/01/the-authenticity-of-conversation.html
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Le problème est que l’argument principal est aussi celui qui permet de nier l’authenticité des Evangiles. Or il ne tient pas. C’est un fait reconnu (et que j’ai vécu) que les interviews reconstruites par le journaliste travaillant sans enregistrement rendent mieux compte de la conversation que la transcription d’un enregistrement. Et l’expérience dont il s’agit ici est tout autre : on ne peut que s’en souvenir, jusqu’à la mort, comme si c’était hier.
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On comprend que les propos sur le Saint-Esprit de saint Séraphim aient attiré sur lui l’attention de certaines des « nouvelles communautés » issues du Renouveau charismatique.
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