De la férie

On fait mémoire de saint Agapit, martyr de 15 ans à Palestrina (Preneste) au IIIe siècle, d’où le nom de la cathédrale de la ville, qui est un titre cardinalice.

Avant que Pie XII saccage les octaves, y compris celle de la plus importante fête mariale, on lisait aux matines l’extrait du deuxième sermon de saint Jean Damascène résumant la tradition de la mort de la Mère de Dieu en présence des apôtres. C’est une explication détaillée de l’icône que j’ai reproduite le 15 août. En voici une autre, typique de l’école de Souzdal du XVIe siècle, où l’on voit les apôtres arrivant sur des nuages, puis les apôtres autour de la Mère de Dieu, à droite saint Timothée, premier évêque d’Éphèse et saint Denys l’Aréopagite, à gauche saint Hiérothée premier évêque d’Athènes et saint Jacques premier évêque de Jérusalem (qui n’avait pas besoin de nuage…) La Mère de Dieu est transportée au ciel sur un séraphin aux ailes rouges. Le plus souvent elle est escortée par deux anges.

Par un étonnant hasard (puisque ce fut le lot de la plupart des autres octaves), ce texte a été supprimé de la liturgie moins de cinq mois après la « définition » de l’Assomption selon laquelle on ne sait pas si la Sainte Vierge est morte ou non…

Une ancienne tradition nous a appris qu’au temps où la bienheureuse Vierge s’endormit glorieusement dans le Seigneur, tous les saints Apôtres, qui parcouraient le monde pour travailler au salut des Gentils, furent transportés en un instant à Jérusalem. Là leur apparurent des Anges, et le concert des puissances célestes retentit à leurs oreilles : ce fut ainsi, au milieu de la gloire divine que Marie rendit à Dieu son âme sainte. Son corps, où d’une manière ineffable la divinité avait été reçue, fut transportée au chant des hymnes des Anges et des Apôtres, et déposé dans un sépulcre du jardin de Gethsémani, et là, pendant trois jours entiers, retentit un concert angélique.

Après trois jours, le concert angélique ayant cessé, Thomas, qui seul avait été absent, étant survenu alors et ayant voulu vénérer le corps dans lequel Dieu s’est incarné, les Apôtres qui avaient assisté à la sépulture ouvrirent le tombeau. Mais ils ne retrouvèrent nulle part le saint corps. N’ayant trouvé que ce qui avait servi à l’ensevelir, et d’où s’exhalait une odeur merveilleuse dont ils furent tout embaumés, ils refermèrent le sépulcre. Stupéfaits de ce miracle, ils ne purent penser autre chose, sinon que celui qui avait bien voulu s’incarner en la Vierge Marie, se faire homme et naître d’elle, quoiqu’étant le Verbe de Dieu et le Seigneur de gloire, et qui avait conservé dans son intégrité la virginité de sa Mère après l’enfantement, avait aussi voulu, quand elle cessa de vivre, conserver incorruptible son corps immaculé et le transporter par honneur dans le ciel, avant la résurrection générale.

Il y avait alors avec les Apôtres le très saint Timothée, premier Évêque d’Éphèse, et Denys l’Aréopagite, ainsi qu’en témoigne ce dernier dans sa lettre au précédent, au sujet du bienheureux Hiérothée, qui s’y trouvait aussi. Voici comme il en parle : « Lorsque plusieurs de nos saints frères, et nous avec eux, vous le savez, étions réunis aux princes mêmes de l’Église remplis du souffle divin (parmi lesquels Jacques, le frère du Seigneur, et Pierre, l’oracle suprême et l’autorité souveraine de la théologie), pour considérer le corps qui donna au monde le principe de la vie et renferma la divinité ; ayant contemplé ce saint corps, tous se complurent à célébrer par des hymnes, chacun selon son pouvoir, l’infinie bonté de la puissance divine ».


En savoir plus sur Le blog d'Yves Daoudal

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

7 réflexions sur “De la férie

  1. Donc si je comprends bien, d’après cette homélie, Marie est morte, et ensuite son corps a été transféré au ciel. Je lisais il y a trois jours le texte du Pseudo-Jean sur la Dormition (https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Apocryphes/Dormition.html), et dans un commentaire on disait que ce texte n’exprimait pas du tout la doctrine de l’Assomption , selon laquelle Marie toute entière (corps et âme unis) est montée au ciel.

    Savez-vous si ce qu’écrit St Jean Damascène était la tradition commune dans l’Antiquité? et sinon, quand est apparu le récit qui apparente l’Assomption à l’Ascension?

    J’aime

  2. Le proclamation du dogme de l’Assomption ne précise pas (volontairement) l’enchaînement éventuel des événements qui ont abouti au privilège de la Sainte Vierge, montée corps et âme au Paradis. Pour éviter toute polémique puisque les interprétations et traditions différent, et les Apôtres n’ayant donné aucune indication, il faut se tenir au fait proclamé par le dogme: la Sainte Vierge est corps et âme au Paradis. Toute polémique est vaine, surtout si l’on donne au terme « dormition » des sens différents. Les Orthodoxes ayant développé un parti-pris très anti-romain depuis des siècles, trouvent à redire, comme ils ont trouvé à redire pour le dogme de l’Immaculée Conception.

    J’aime

    • Pour le dogme de l’immaculée conception, on ne va pas se disputer ou alors amicalement et dans le sens ancien de la disputatio, mais on peut observer que ce dogme est érigé tardivement, alors que tous les éléments essentiels de notre foi indivise l’ont été dès les sept premiers conciles. De plus, il était devenu nécessaire non pas en raison d’une lacune de la tradition mais en raison d’une conception propre à l’église romaine concernant le péché originel, conception elle-même élaborée dans le huis-clos de sa grandeur théologique supposée. Selon la tradition, il n’y a pas a créer une rustine pour justifier une autre erreur puisque la Mère de Dieu n’a pas connu le péché. En tant que telle, cette affaire est emblématique des processus de dérive progressive au long des siècles de l’église latine. De fil en aiguille, on en arrive à V2. Tout ceci est d’une logique implacable. Il y a une continuité.

      J’aime

  3. Vous dites « Par un étonnant hasard (puisque ce fut le lot de la plupart des autres octaves), ce texte a été supprimé de la liturgie moins de cinq mois après la « définition » de l’Assomption selon laquelle on ne sait pas si la Sainte Vierge est morte ou non… » Comme l’histoire est importante pour comprendre les phénomènes et leurs enchainements, je serait intéressé de savoir comment et sous l’instigation de qui, cette « définition a été élaborée. Comme vous le soulignez Pie XII a une responsabilité dans le début de dégradation de la liturgie traditionnelle. Du reste, c’est lui qui avait nommé sur proposition de son confesseur jésuite, Anibale Bunigni pour mener la réforme liturgique qui a abouti avec succès à l’annihilation de la liturgie romaine.

    J’aime

    • Cher michel, je précise votre phrase: le confesseur jésuite de Pie XII était le cardinal Béa qui a aussi trempé dans « notra Aetate » et l’œcuménisme tous azimuts. Ce serait naïf de croire que les modernistes et franc-macs condamnés par St Pie X aient cessé leurs manigances et complots sous le règne des papes ultérieurs. Il sont sortis en plein jour sous Jean XXXIII et Montini.

      Bugnini écrivait le 19 mars 1965 au sujet de la semaine sainte: «  » Et pourtant, l’amour des âmes et le désir de faciliter par tous les moyens le chemin de l’union avec les frères séparés, en enlevant toute pierre qui pourrait constituer, même de loin, une pierre d’achoppement ou une cause d’inconfort, ont également conduit l’Église à consentir ces douloureux sacrifices. «  » Les frères séparés, il y incluait les Juifs, les fameux frères aînés! (Comme Caïn était l’aîné d’Abel)

      J’aime

      • C’est certain qu’il ont ramené les frères séparés ! Ils ont exchristianisé les leurs en échange de quoi ? En fait tout cela était du baratin pour les crétins qui y croiraient et ceux qui n’y croiraient pas sont partis; mais sans doute, était-ce la finalité.

        J’aime

Répondre à Yves Daoudal Annuler la réponse.