Saint Bruno

Ce que la solitude et le silence du désert apportent d’utilité et de divine jouissance à ceux qui les aiment, ceux-là seuls le savent qui en ont fait l’expérience.

Ici en effet, les hommes forts peuvent se recueillir autant qu’ils le désirent, demeurer en eux-mêmes, cultiver assidûment les germes des vertus et se nourrir avec bonheur des fruits du paradis.

Ici on s’efforce d’acquérir cet œil dont le clair regard blesse l’époux d’un amour pur et limpide qui voit Dieu.

Ici on s’adonne à un loisir bien rempli et l’on s’immobilise dans une action tranquille.

Ici Dieu donne à ses athlètes, pour le labeur du combat la récompense désirée : une paix que le monde ignore et la joie dans l’Esprit Saint.

Telle est cette belle Rachel, à l’aspect agréable ; bien qu’elle donnât à Jacob moins d’enfants que Lia, il la préférait à celle-ci, plus féconde, mais au regard obscurci. Les fils de la contemplation sont plus rares en effet que les fils de l’action ; cependant Joseph et Benjamin sont chéris par leur père plus que les autres frères.

Telle est cette meilleure part que Marie a choisie et qui ne sera pas enlevée.

Telle est la belle Sunamite, cette vierge qui seule dans tout le pays d’Israël fut trouvée digne de choyer et réchauffer David devenu vieux. Comme je voudrais, frère très cher, que tu l’aimes par-dessus tout, afin que, réchauffé entre ses bras tu brûles du divin amour. Que cette charité vienne à s’établir en ton cœur et bientôt la gloire du monde, cette caressante et trompeuse séductrice te paraîtrait misérable ; tu rejetterais aisément les richesses dont le souci alourdit l’âme ; tu te dégoûterais des plaisirs, si nuisibles au corps comme à l’esprit.

Extrait de la lettre de saint Bruno à Raoul le Verd (6 et 7)

La chartreuse de saint Bruno en Calabre, d’où il écrivit sa lettre à Raoul Le Verd, dans les dernières années du XIe siècle.

Texte latin :

Quid vero solitudo heremique silentium amatoribus suis utilitatis iucunditatisque divinae conferat, norunt hi soli qui experti sunt.

Hic namque viris strenuis tam redire in se licet quam libet et habitare secum, virtutumque germina instanter excolere atque de paradisi feliciter fructibus vesci.

Hic oculus ille conquiritur, cuius sereno intuitu vulneratur sponsus amore, quo mundo et puro conspicitur Deus.

Hic otium celebratur negotiosum et in quieta pausatur actione.

Hic pro certaminis labore repensat Deus athletis suis mercedem optatam, pacem videlicet quam mundus ignorat, et gaudium in Spiritu Sancto.

Haec est Rachel illa formosa, pulchra aspectu, a Iacob plus dilecta, licet minus filiorum ferax, quam Lia fecundior, sed lippa. Pauciores enim sunt contemplationis quam actionis filii ; verumtamen Ioseph et Beniamin plus sunt ceteris fratribus a patre dilecti.

Haec est pars illa optima quam Maria elegit, quae non auferetur.

Haec est Sunamitis pulcherrima illa, sola in omnibus finibus Israel reperta, quae David virgo foveret senem et calefaceret. Quam tu, mi frater carissime, unice utinam diligeres, ut eius amplexibus fotus, divino caleres amore. Cuius si caritas semel animo tuo insederit, mox illecebrosa illa et blanda deceptrix gloria mundi tibi sorderet, sollicitasque opes, menti sane onerosas, leviter abiiceres, necnon voluptates fastidires, prorsus aeque corpori animoque nocivas.


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2 réflexions sur “Saint Bruno

  1. David tout comme Salomon, avaient un faible pour les filles de Sunem.

    Sunamite, Sulamithe. Tel père, tel fils.

    Et comme d’habitude, le remède préconisé au vieux roi aurait pu le tuer avant son heure!

    « Morte Jocose Ludamus »

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    • La belle Sunamite, dans l’état où était le roi, ne lui a servi que de « bouillotte ». Ils avaient fait le coup à l’ayatollah Khomeini dans ses vieux jours, le fameux campeur à Neauphle-le-Château, en 1978 , aux frais de la princesse VGE de malheureuse mémoire.

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