L’ultimatum de Merz

Après les élections anticipées de février, le nouveau chancelier allemand sera vraisemblablement Friedrich Merz, le président de la CDU (ce sera la revanche de l’ancien rival malheureux d’Angela Merkel). Il accuse Scholz d’être timoré face à la Russie, et il annonce qu’avec lui ce sera tout différent :

« Scholz refuse catégoriquement de livrer les missiles Taurus, même si une majorité du Bundestag est d’un autre avis. Je suis ouvert à cette idée et j’ai proposé de donner au gouvernement de Kiev le droit de dire : Si les bombardements de civils ne cessent pas dans les 24 heures, les restrictions de portée des armes disponibles seront conjointement levées. Si cela ne suffit pas, les missiles Taurus seront livrés une semaine plus tard. Cela permettrait à l’Ukraine de reprendre l’initiative »

Dans une autre version, qui est une tribune de Merz au Monde, l’ultimatum devrait être – aurait dû être – franco-allemand :

« Si vous ne mettez pas fin à cette guerre de terreur contre la population civile ukrainienne dans les 24 heures, auraient pu déclarer ensemble (l’Allemagne et la France), les limites de portée des armes fournies à l’Ukraine seront levées. Et si cela n’avait pas suffi, Olaf Scholz aurait pu ajouter que l’Allemagne fournirait des missiles de croisière Taurus à l’Ukraine pour contribuer à la destruction des voies d’approvisionnement de l’armée russe vers le pays ».

On remarque l’habituelle inversion accusatoire : c’est l’Ukraine qui bombarde tous les jours des bâtiments civils, notamment, ces temps-ci, dans la région de Belgorod. (Il semble que l’avancée russe ait réussi à empêcher les bombardements quotidiens sur les rues et les marchés de Donetsk.)

Il sera intéressant de voir ce que deviendra le propos va-t-en guerre de l’opposant quand il sera chancelier. On prend date. On peut prédire sans crainte de se tromper qu’il fera, comme son prédécesseur, ce que les Américains lui diront de faire. Et ce sera Trump.

Et il n’est pas à son avantage de constater qu’il croit lui aussi à l’arme qui va changer le cours des choses, alors qu’il a vu que l’incessante escalade occidentale n’a rien changé du tout. (Au début il s’agissait de fournir seulement des armes défensives, et il n’était pas question de donner des missiles. Puis on a donné des missiles. Mais il n’était pas question de donner des chars. Puis on a donné des chars. Mais il n’était pas question de donner des avions. Puis on a donné des avions… A chaque fois cela devait changer le cours de la guerre, étant donné qu’en outre l’économie russe était détruite par les sanctions… On a oublié qu’il y a deux ans les Russes étaient à cours de munitions, qu’ils devaient voler des machines à laver pour récupérer les puces, et qu’ils en étaient réduits à se battre à coup de pelles…)


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2 réflexions sur “L’ultimatum de Merz

  1. Friedrich Merz alors, il compte livrer des missiles Taurus au Liban pour faire cesser le massacre des civils par les nazis israëliens? L’inversion accusatoire est un sport talmudique exporté partout dans le monde.
    Les Ukrainiens et les occidentaux vont se prendre une pelle (russe).

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