A la Conférence de Minsk

La IIIe Conférence internationale sur la sécurité eurasienne s’est ouverte aujourd’hui à Minsk, avec des délégations d’une quarantaine de pays (dont la Hongrie, représentée par son ministre des Affaires étrangères) et de sept organisations internationales.

Voici quelques propos intéressants d’Alexeï Chevtsov, secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe.

« À mon avis, la question la plus difficile est la volonté des pays occidentaux de respecter leurs engagements. Nous avons vu à plusieurs reprises des États quitter des organisations internationales, puis y revenir après un changement de parti au pouvoir, modifiant ainsi radicalement leur politique étrangère. Même sans changement de pouvoir, les exemples négatifs sont nombreux. Par exemple, les participants européens aux accords de Minsk n’avaient pas l’intention de les mettre en œuvre. L’accord sur la non-expansion de l’OTAN vers l’est a été rejeté sur la base du principe « un gentleman a donné sa parole, un gentleman l’a retirée ».

« Dans tous les cas, une solution devra être trouvée. Elle sera collective et tiendra compte des intérêts de tous les pays et peuples d’Eurasie. Malheureusement, les élites européennes ne sont pas encore prêtes pour cela. Elles préfèrent dépenser des milliards dans le projet ukrainien et détruire leur propre économie. »

« D’une manière ou d’une autre, nous devrons réorganiser l’architecture de sécurité en Eurasie, soit en construisant un système commun avec nos voisins occidentaux, soit en établissant un mécanisme d’interaction clair et prévisible. Un système commun n’est pas encore envisageable, mais nous devons essayer. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est une région à la souveraineté limitée, où la plupart des pays ne sont pas indépendants dans leurs décisions. »

« Il y avait un certain espoir dans les années 1960 et 1980, lorsque les puissances européennes ont réussi à résister aux tentatives des États-Unis de dicter leurs conditions. Par exemple, l’Allemagne a refusé de déployer des armes nucléaires américaines sur son territoire, l’URSS a construit des gazoducs et des oléoducs pour l’Occident, qui ont fonctionné jusqu’à récemment. Il y avait un échange intensif de technologies et le système de sécurité collective fonctionnait relativement normalement, y compris dans le cadre de l’OSCE. »

« Après l’effondrement de l’URSS, l’Europe avait une occasion unique de devenir l’un des centres du monde multipolaire émergent. Malheureusement, l’Europe a choisi de suivre l’exemple des États-Unis en tentant d’établir un modèle mondial unipolaire, de mettre en œuvre une mondialisation à l’occidentale et d’orchestrer la « fin de l’histoire », c’est-à-dire d’établir un système qui lui permettrait d’exercer une domination idéologique, technologique et militaire et d’exploiter les ressources du reste du monde. C’est dans ce paradigme que l’Europe et l’Occident collectif ont fonctionné au cours des dernières décennies. »


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2 réflexions sur “A la Conférence de Minsk

  1. C’est d’une lucidité rare, mais je doute que les crétins d’occidentaux en tirent profit. Ils sont prisonniers de leur idéologie, de leurs mensonges et de leur mauvaise foi. Ils sont hypocrites, sans scrupules, sans morale, de véritables oiseaux de malheur.

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  2. Quand le chef adjoint du Conseil de la sécurité russe Chevtsov déclare que l’Allemagne et les pays européens ont résisté aux tentatives des États-Unis d’implanter de l’armement nucléaire, que l’Allemagne a refusé. Il le dit par diplomatie ou serait-il innocent ?

    Je ne connais qu’un seul pays européen qui l’ait fait : la France grâce au général De Gaulle. Il connaissait trop bien les anglo-saxons ; cela agaça toujours les USA…il fut renversé (mai 68) et depuis, Elle file plus doux, tellement doux que N Sarkozy a intégré l’Otan militaire, trahissant l’œuvre très courageuse, unique en Europe du général De Gaulle.

    Des la fin des années cinquante l’armement nucléaire était présent en Allemagne, via les forces d’occupation du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de Belgique et du Canada. À l’insu de l’Allemagne, soit. J’y crois très peu. Officiellement, pour la majorité des responsables, très certainement, mais pas de tous. Comment cela aurait-il pu se faire sans être découvert un moment où un autre ?

    Un article de 7s7, daté du 5 mars 2012, reprenant un article de Der Spiegel de ce même lundi dévoilait en tous les cas une note très secrète du ministère allemand des Affaires étrangères, datée de 1981 qui stipulait qu’un accord liait les forces d’occupation de l’Otan sur ce point sans en avoir infomé le gouvernement de Bonn. Croire que la RFA ne fut pas au courant en trente années (1958-1981), j’ai bien des doutes. Je les soupçonne d’avoir fait le gros dos, comme pour le sabotage des gazoducs. De nos jours, l’information circule mieux et plus vite…on ne sait pas tout, mais déjà beaucoup plus ; d’où les tentatives européistes de museler les réseaux, à tout le moins de réguler internet ; ainisi, l’on sort la carte du ‘danger démocratique’ ….M’enfin ! Comme disait Gaston Lagaffe !

    https://www.7sur7.be/monde/les-usa-ont-stocke-secretement-des-armes-atomiques-en-allemagne~a25cae4d/?referrer=https%3A%2F%2Fduckduckgo.com%2F

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