L’Europe vue de Washington

« La stratégie de sécurité nationale est un document préparé périodiquement par la branche exécutive des États-Unis qui énumère les problèmes de sécurité nationale et la manière dont l’administration prévoit d’y faire face » (Wikipedia). Donald Trump vient de publier son édition 2025. Il n’y en avait pas eu depuis 2022. Naturellement, l’étude s’étend au monde entier vu par le gouvernement américain et en rapport avec les Etats-Unis. Voici une traduction du chapitre sur l’Europe. Ça décoiffe dès le début…

Les responsables américains ont pris l’habitude d’envisager les problèmes européens sous l’angle de l’insuffisance des dépenses militaires et de la stagnation économique. Cela est vrai, mais les véritables problèmes de l’Europe sont encore plus profonds.

L’Europe continentale a perdu des parts du PIB mondial, passant de 25% en 1990 à 14% aujourd’hui, en partie à cause des réglementations nationales et transnationales qui sapent la créativité et l’esprit d’initiative.

Mais ce déclin économique est éclipsé par la perspective réelle et plus sombre d’un effacement civilisationnel. Parmi les problèmes les plus importants auxquels l’Europe est confrontée, citons les activités de l’Union européenne et d’autres organismes transnationaux qui sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent et créent des conflits, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, l’effondrement des taux de natalité et la perte des identités nationales et de la confiance en soi.

Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable d’ici 20 ans ou moins. Dans ces conditions, il est loin d’être évident que certains pays européens disposeront d’une économie et d’une armée suffisamment solides pour rester des alliés fiables. Bon nombre de ces nations redoublent actuellement d’efforts dans la voie qu’elles ont empruntée. Nous voulons que l’Europe reste européenne, qu’elle retrouve sa confiance en sa civilisation et qu’elle abandonne sa stratégie infructueuse de suffocation réglementaire.

Ce manque de confiance en soi est particulièrement évident dans les relations entre l’Europe et la Russie. Les alliés européens jouissent d’un avantage significatif en matière de puissance militaire sur la Russie dans presque tous les domaines, à l’exception des armes nucléaires. À la suite de la guerre menée par la Russie en Ukraine, les relations entre l’Europe et la Russie sont désormais profondément affaiblies, et de nombreux Européens considèrent la Russie comme une menace existentielle. La gestion des relations entre l’Europe et la Russie nécessitera un engagement diplomatique important de la part des États-Unis, à la fois pour rétablir les conditions d’une stabilité stratégique sur le continent eurasien et pour atténuer le risque de conflit entre la Russie et les États européens.

Il est dans l’intérêt fondamental des États-Unis de négocier une cessation rapide des hostilités en Ukraine, afin de stabiliser les économies européennes, d’empêcher une escalade ou une extension involontaire de la guerre, de rétablir la stabilité stratégique avec la Russie et de permettre la reconstruction de l’Ukraine après les hostilités afin qu’elle puisse survivre en tant qu’État viable.

La guerre en Ukraine a eu pour effet pervers d’accroître la dépendance extérieure de l’Europe, en particulier de l’Allemagne. Aujourd’hui, les entreprises chimiques allemandes construisent certaines des plus grandes usines de transformation au monde en Chine, en utilisant du gaz russe qu’elles ne peuvent pas obtenir chez elles. L’administration Trump se trouve en désaccord avec les responsables européens qui ont des attentes irréalistes concernant la guerre, juchés dans des gouvernements minoritaires instables, dont beaucoup bafouent les principes fondamentaux de la démocratie pour réprimer l’opposition. Une large majorité des Européens souhaite la paix, mais ce désir ne se traduit pas en politique, en grande partie à cause de la subversion des processus démocratiques par ces gouvernements. Cela revêt une importance stratégique pour les États-Unis, précisément parce que les États européens ne peuvent se réformer s’ils sont enlisés dans une crise politique.

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Non-ingérence active

Comme en Moldavie, l’UE va pratiquer en Arménie sa non-ingérence active à l’approche des élections législatives. Kaja Kallas a annoncé une aide de 15 millions d’euros pour rendre le pays « plus résilient ». Une partie de cette aide sera utilisée pour combattre la prétendue « ingérence russe ».

« Nous voyons les mêmes réseaux que ceux qui ont été déployés en Moldavie, qui étaient actifs, donc le scénario est identique. Notre financement européen couvrira également la détection, l’analyse et la réponse à l’ingérence étrangère », a dit la furie russophobe.

Le ministre arménien des Affaires étrangères, qui était à Bruxelles pour l’occasion, s’est bien gardé de relayer ces accusations, sachant, comme tout le monde, qu’elles sont sans fondement. Mais 15 millions c’est toujours bon à prendre…

La priorité pontificale

Pour Léon comme pour François, l’acceptation du grand remplacement en Europe est une priorité, qui passe même avant les sourires aux militants LGBT. Répondant à la question d’un journaliste de La Croix sur les craintes des Européens à l’égard de l’islam, il a carrément répondu que c’était « l’un des intérêts » de son voyage au Liban. Et il ne faut pas écouter ceux qui veulent s’opposer à l’immigration :

« Je sais qu’il existe des craintes en Europe, mais elles sont souvent suscitées par des personnes qui s’opposent à l’immigration et tentent d’empêcher l’entrée de personnes d’un autre pays, d’une autre religion, d’une autre race. »

Evoquant ses rencontres avec des personnalités musulmanes, il déclare : « En ce sens, je dirais que nous devons tous travailler ensemble. L’un des intérêts de ce voyage est justement d’attirer l’attention du monde sur la possibilité d’un dialogue et d’une amitié entre musulmans et chrétiens. »

Et il ne craint pas d’ajouter que les témoignages de la coexistence entre chrétiens et musulmans au Moyen-Orient pourraient servir de leçon aux pays occidentaux…

Bref, en avant pour la libanisation de l’Europe…

La ruine de l’Europe à marche forcée

Ursula von der Leyen :

« Aujourd’hui est un jour historique pour notre Union. Hier soir nous sommes parvenus à un accord provisoire sur la proposition de la Commission visant à supprimer progressivement les combustibles fossiles russes. Nous tournons la page, et nous la tournons pour de bon. C’est l’aube d’une nouvelle ère, celle de l’indépendance énergétique totale de l’Europe vis-à-vis de la Russie. »

Les importations de gaz russe doivent cesser complètement à l’automne 2027 (le GNL dès la fin de 2026), et les importations de pétrole dès le début de l’année prochaine.

Réaction de Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin :

« L’Europe se condamne à des sources d’énergie plus coûteuses, ce qui inévitablement ne fera qu’accélérer le processus de perte de compétitivité de l’Union européenne. »

La première réaction au tweet triomphal d’Ursule est celle de l’économiste italien Michele Geraci, ancien sous-secrétaire d’Etat au développemnt économique (et en tant que tel auteur du mémorandum d’accession de l’Italie à la Nouvelle Route de la Soie), chef du département des affaires étrangères et du commerce international du nouveau parti Indépendance !, et professeur invité à l’université de Shanghai :

Il y a une certaine confusion quant à la signification du terme « indépendance »…

1) Allons-nous alors transférer nos importations, baril pour baril, de la « dictature russe » vers les « démocraties libérales » du Proche-Orient ?

2) Est-ce à la Commission européenne de décider où les entreprises privées de notre « démocratie libérale » doivent acheter leur pétrole ?

3) Pourquoi avez-vous décidé, en premier lieu, d’exclure de notre liste de fournisseurs la Russie, qui n’a causé aucun tort à l’UE et qui a toujours fourni, goutte à goutte, tout le gaz et le pétrole que nos entreprises avaient commandés ?

4) Enfin, à titre de conseil, ne devriez-vous pas consacrer davantage de temps et d’efforts à vous préoccuper de la corruption et de la démocratie au sein des institutions de l’UE plutôt que de vous inquiéter de la corruption et de la démocratie dans d’autres pays ?

Cordialement.

Cela, c’était ce matin. Depuis, Ursule a tenu une conférence de presse intitulée « Répondre aux besoins financiers de l’Ukraine pour 2026-2027 ».

Elle a une fois de plus rabâché que pour venir en aide à l’Ukraine il y a deux solutions : un emprunt, ou le vol des actifs russes gelés dans l’UE. Précisant pour cette deuxième solution qu’il s’agira non seulement des fonds russes d’Euroclear mais de ceux de toutes les institutions financières de l’UE. La première solution doit être adoptée à l’unanimité, la seconde à la majorité qualifiée. (C’est pourquoi c’est la seule qui pourrait être adoptée, mais la majorité qualifiée n’est pas acquise et la BCE a dit hier qu’elle ne garantirait pas un prêt de 140 milliards d’euros financé par le vol des avoirs russes. Ursule est dans l’impasse, et c’est curieux qu’elle fasse une conférence de presse qui ne fait que le souligner…

Eurocorruption

Federica Mogherini et les deux hommes arrêtés avec elle hier matin ont été relâchés ce matin « parce qu’ils ne tenteront pas de prendre la fuite ».

Extraits de l’article d’Euractiv (organe de propagande européiste prompt à déboulonner les statues qu’on adorait la veille…) intitulé « Dans la jungle bruxelloise : perquisitions, arrestations et nouvelle crise de crédibilité pour l’UE ».

Pour Federica Mogherini et Stefano Sannino, deux diplomates italiens au sommet de leur carrière, ces arrestations constituent un retournement de situation spectaculaire. Tous deux étaient perçus comme des acteurs qui maîtrisaient, voire étaient capables de façonner, les rouages discrets de la politique étrangère européenne.

Parallèlement, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) mène une enquête distincte sur Stefano Sannino, soupçonné d’avoir usé de son influence au sein du SEAE pour favoriser certains candidats à des postes de haut niveau, selon plusieurs sources proches du dossier. L’Italien a occupé le poste de secrétaire général du bras diplomatique de l’UE de 2021 à 2023, l’un des postes les plus puissants de la fonction publique à Bruxelles.

Les liens entre Stefano Sannino et Federica Mogherini sont profonds. Il était ambassadeur d’Italie auprès de l’UE lorsqu’elle était ministre des Affaires étrangères du pays en 2014. Plus tard, il est devenu le bras droit du successeur de Federica Mogherini à la tête du SEAE, l’Espagnol Josep Borrell, qui a pris le poste en 2019. Alors qu’il s’apprêtait à prendre sa retraite l’an dernier, Stefano Sannino a finalement été nommé pour diriger la Direction générale chargée du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Golfe (DG MENA) de la Commission.

Les scandales précédents visaient surtout le Parlement européen, souvent vu comme la grande institution la moins influente du bloc. Là, c’est le Collège d’Europe — véritable pépinière de hauts fonctionnaires européens — et le SEAE, responsable du réseau diplomatique mondial de l’Union, qui sont directement concernés. Si les soupçons étaient confirmés, c’est le cœur de la machine diplomatique européenne qui serait mis en cause, un domaine jusqu’ici largement fermé au contrôle extérieur.

Au Collège d’Europe, où Federica Mogherini occupe depuis 2020 le poste de rectrice, son influence est autant politique que personnelle. Un ancien étudiant la décrit comme « une déesse » au sein de l’établissement, estimant qu’elle y a insufflé une éthique politique dans un environnement essentiellement académique. Son mandat a été renouvelé pour cinq ans l’année dernière.

Federica Mogherini a également attiré l’attention pour ses associations passées. Elle a autrefois siégé au conseil d’honneur d’une fondation dirigée par Pier-Antonio Panzeri, figure clé du Qatargate et ancien eurodéputé de son groupe politique, les Socialistes et Démocrates (S&D). Elle a déclaré par la suite qu’elle n’était pas au courant des actes répréhensibles présumés de son compatriote et a démissionné de l’organisation dès que les accusations ont été rendues publiques.

Elle s’est à nouveau fait remarquer en 2022, lorsque Josep Borrell, qui lui avait succédé au poste de Haut représentant de l’Union pour les Affaires et la Politique de sécurité fin 2019, a inauguré l’Académie diplomatique au centre de l’enquête actuelle, hébergée par le Collège d’Europe. Federica Mogherini a ensuite été chargée de la direction de cette initiative. Le budget initial de l’Académie — près de 2 millions d’euros pour deux ans — reflétait la volonté de Josep Borrell d’étendre la formation professionnelle des diplomates de l’UE.

Lors du lancement de l’Académie, Josep Borrell a utilisé l’une de ses métaphores favorites : « Le reste du monde — et vous le savez très bien, Federica — n’est pas exactement un jardin. La majeure partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin ».

Aujourd’hui, l’image s’inverse : ce n’est plus seulement la « jungle extérieure » qui menace l’Europe, mais des dérives nées au cœur même de ses institutions — rappel brutal que la corruption prospère d’autant mieux lorsque les jardiniers cessent de s’occuper des mauvaises herbes.